Œuvres sur papier : L’art de la reproductibilité

Véritable œuvre originale de valeur, il est parfois difficile de s’y retrouver entre les différentes techniques et les reproductions illimitées. Gravure, lithographie, sérigraphie… ces mots sont réunis sous les termes génériques de multiples ou estampes. Ils désignent une image imprimée sur papier à l’aide d’un support plan encré et passé sous presse. Leur caractère fondamental est la reproductibilité. Quand certains artistes s’en servent pour créer des œuvres originales en plusieurs exemplaires, d’autres l’utilisent pour la reproduction de leurs travaux. Néanmoins, certaines caractéristiques leur donnent plus de légitimité et de valeur. Voici un guide pour tout savoir et bien acheter.

James Pichette, Lithographie, XXe siècle

Caractéristiques des techniques employées : 

Les gravures chimiques : Il peut s’agir de différentes techniques telles que l’eau forte, l’aquatinte ou à la manière de crayon ou lavis. On retrouve alors des traits qui tremblent légèrement, une distance entre la cuvette (marque de l’impression) et le dessin généralement supérieur à 2 cm. Également sur les parties les plus contrastées, le relief est visible à la loupe.

Les procédés à plat : La technique de lithographie comme son nom l’indique utilise une pierre sur laquelle est dessinée l’image. Elle est ensuite humidifiée et enduite d’une encre grasse. Le papier, généralement au grain lourd, est alors apposé sur la pierre et le tout est passé sous presse. On obtient alors une image en miroir aux nombreux détails sans relief d’encre et on aperçoit un grain qui correspond à celui de la pierre. 

La méthode de la sérigraphie permet d’imprimer sur quasiment tous les types de support, bois, plastique, textile, carton… Elle consiste à imprimer un motif à l’aide d’un pochoir en tissu sur lequel l’artiste peint. Les mélanges chromatiques sont impossibles en sérigraphie, c’est pourquoi les images résultant de cette technique sont toujours fortement définies, en contours comme en couleurs, et on obtient nécessairement des aplats. Pour cette technique offrant des couleurs vives et opaques, le papier lisse est privilégié par les artistes.

FEITO Luis, Sérigraphie / SOULAGES Pierre, Lithographie 24b

La valeur du multiple dépend de plusieurs facteurs notamment de la côte de l’artiste et de la qualité de conservation et d’impression. Cependant, c’est surtout la rareté du tirage qui entre en compte. Pour la connaître, il faut regarder la numérotation car un multiple original sera toujours numéroté. Le numéro d’exemplaires sur le tirage total aura aussi une conséquence sur la valeur puisque les premiers sont toujours les plus recherchés en raison de leur meilleure qualité. D’autres caractéristiques entrent en compte, notamment les inscriptions manuscrites que l’on peut trouver dans le “champ de l’image” ou en dehors. Il peut s’agir de la signature de l’artiste ou d’indications comme “B.A.T.” : Bon à tirer, ce qui signifie que l'œuvre est validée par l’artiste. “E.A.” : épreuve d’artiste, c’est-à-dire le tirage pour l’artiste, indépendant du tirage numéroté ou encore “H.C.” : hors commerce, soit des exemplaires qui appartiennent également à l’artiste ou à la galerie qui ne seront jamais mis en vente ou vendus en dernier donc plus cher. 

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